Gaston Fébus, le prince des Pyrénées

Pendant les Médiévales de Montaner, l’illustre seigneur du XIVème Gaston Fébus est à l’honneur. Il fait partie de l’Histoire locale, c’est à lui que l’on doit l’imposant château qui domine le village de Montaner.

Ce personnage hors du commun a su éviter les désastres de la Guerre de Cent Ans et bâtir ce qui aurait pu devenir un véritable état pyrénéen. Soucieux de son image, il a su créer sa propre légende en se surnommant lui même Fébus (ou Phoebus, référence au soleil). Ses devises « Toques si gauses » (« Touches-y si tu oses ») et « Fébus avan! » (« Fébus en avant ») résonnent encore fièrement dans certaines de ses terres.

Surnommé le Prince des Pyrénées, Gaston Fébus a fasciné ses contemporains et fascine encore aujourd’hui, plus de 700 ans après sa mort.

En 1331 à Orthez, dans la famille de Foix-Béarn naît Gaston III de Foix-Béarn. Il est le fils de Gaston II de Foix-Béarn, comte de Foix, vicomte de Béarn, et d’Aliénor de Comminges.

C’est le 26 septembre 1343 à seulement 12 ans que Gaston III de Foix Béarn hérite de son père. Gaston II de Foix-Béarn meurt à Séville et laisse donc à son fils des territoires morcelés : à l’ouest, les vicomtés de Béarn (dans les Pyrénées-Atlantiques), de Marsan et de Gabardan ( dans les Landes et le Gers) à l’est, le comté de Foix (Ariège), les Basses-terres albigeoises (une partie du Tarn actuel) et le Lautrec ; au milieu, le Nébouzan, autour de Saint-Gaudens (dans la Haute-Garonne).

Seulement aux vues de son jeune âge, la régence de ses terres va être assuré par sa mère jusqu’à ses 14 ans.

Il faut dire que son héritage est le résultat d’une histoire qui remonte au début du XIe siècle, du temps de Gaston IV le Croisé, les vicomtes s’étaient émancipés de la tutelle des ducs de Gascogne, ils avaient cessé de prêter hommage. Gaston IV le Croisé et ses successeurs ne prêtèrent plus hommage à quiconque pendant plus d’un siècle. C’est Gaston VII (1229-1290, dernier représentant de la dynastie des Moncade) qui tergiversa longtemps, et se permit même d’insulter le roi d’Angleterre, mais il fut obligé de s’incliner, après de nombreuses années de rébellion. Sur la fin de sa vie, il se conduisit en fidèle vassal, allant même jusqu’à faire promettre à ses successeurs de prêter hommage aux rois d’Angleterre. Il scella l’alliance entre les comtés de Foix et de Béarn par le mariage d’une de ses filles, Marguerite de Moncade, vicomtesse de Béarn, avec Roger-Bernard III, comte de Foix, en proclamant indissociable l’union de ces deux comtés. Cette union fut à l’origine de la haine qui devait opposer les maisons de Foix-Béarn et d’Armagnac car une autre fille de Gaston VII avait épousé le comte d’Armagnac, lequel s’estimait lésé.

Ce conflit devait perdurer pendant plusieurs générations, jusqu’à Gaston Fébus qui passa sa vie à le combattre, désirant se rendre maître de la Bigorre, qui séparait les comtés de Foix et de Béarn.

Gaston III, l'héritier de la grande famille de Foix-Béarn

Fébus, le grand stratège politique

Au cours de son règne Gaston III de Foix-Béarn à participé à la création de sa légende notamment en ce surnommant lui même Fébus (Phoebus qui signifie soleil). De même, ont enrichi l’histoire ses devises comme « Toques se gausas » (« Touches-y si tu oses ») ou encore son cri de guerre « Fébus avan » (« Fébus en avant »).

Malgré un héritage important, Gaston Fébus n’est pas satisfait de son domaine et avait l’ambition de l’agrandir. Il rêvait de placer sous son contrôle, direct ou indirect, l’espace s’étendant entre Orthez et Foix. Faisant preuve de fermeté, de souplesse, et servi par la chance, il arrivera presque à ses fins. Il contribua à la désagrégation de l’Aquitaine de Prince Noir, et en 1380, nul ne pouvait circuler entre Foix et Orthez sans son autorisation. Il réussit au cours de son règne à conquérir la Soule, la Bigorre (par la prise de places fortes) et un domaine au dessus du Nébouzan. C’est grâce a ses conquêtes mais aussi sa stratégie politique que Gaston Fébus avait son ascendant sur les routes commerciale. Mais il a fait son principal coup d’éclat fut de déclarer le Béarn souverain et indépendant.

En effet, il est ambitieux et profite des conflits entre les monarchies françaises et anglaise (Édouard III d’Angleterre) pour revendiquer une autonomie pour le Béarn.

Le 26 septembre 1347, il prête allégeance au roi de France pour le comté de Foix, mais il déclare que le Béarn est neutre dans les conflits de France. Il déclare solennellement à l’envoyé du roi « Je ne tiens mon pays de Béarn que de Dieu et de mon épée ! »

Plus tard, Fébus refusera également de rendre hommage au duc d’Aquitaine (donc roi d’Angleterre), se réfugiant derrière des arguments juridiques dont l’authenticité était plus que douteuse. Alors que les rois de France et d’Angleterre sont en conflit, il se déclare neutre et épargne de ce fait au Béarn les affres de la Guerre de Cent ans. Voila donc le Béarn indépendant. Mais au-delà des conflits entre grands royaumes, Gaston Fébus fait aussi preuve de stratégie au sein des comtés. Son ennemi de toujours l’Armagnac sera irrémédiablement affaibli après la bataille de Launac en 1362, suite à laquelle Fébus victorieux rançonna tous ses prisonniers contre des sommes astronomiques. C’est grâce à cet argent que Gaston Fébus put fortifier la quasi totalité de ses terres.

Afin que le Béarn conserve une parfaite indépendance vis-à-vis de ses puissants voisins, Gaston Fébus fait construire de nouvelles places fortes et restaure les plus anciennes pour protéger son territoire. Des châteaux qui sont un signe fort de sa présence dans le paysage méridional. Fébus éleve des places-fortes (Montaner, Morlaàs, Morlanne, Pau, Sauveterre-de-Béarn), il en remanie d’autres héritées de ses prédécesseurs (Bellocq, Orthez, Foix, Mazères). C’est à Orthez, sa capitale béarnaise établie dans une position stratégique, à proximité de la frontière du duché anglais de Gascogne, qu’il réside le plus souvent. Toute sa vie durant, Gaston Fébus a été obsédé par l’argent, qui était le moyen d’ accroître sa puissance militaire, tout en prenant la précaution de bâtir des forteresses défensives aux quatre coins du Béarn, dont l’élément le plus caractéristique était un immense donjon en brique, comme celui de Montaner de prés de 40m de hauteur.

Sur quelques unes de ses forteresses, Gaston Fébus fait apposer son blason aux armes des Foix Béarn, surmonté de la formule « Fébus me fe » (Fébus m’a fait). Véritable mise en garde au visiteur…

Un seigneur cultivé

En tant que fils unique de Gaston II le Preux et d’Aliénor de Comminges, il reçut certainement une éducation à la fois physique (chasse, maniement des armes …) et intellectuelle, mais l’on sait relativement peu de choses concernant son enfance.

Gaston Fébus achève, en 1387-1388, son Livre de la chasse. Ce livre est le résultat de la passion de ce Mediev 2011 (150)prince, chevalier et chasseur. L’ouvrage prend étroitement modèle sur un traité technique illustré, le Livre du roy Modus et de la royne Ratio d’Henri de Ferrières, mais utilise aussi d’autres sources (Gace de la Buigne ou, avec circonspection, les Bestiaires). Fébus est le premier à décrire les animaux dans leur environnement naturel et à accompagner son livre de grandes miniatures qui s’apparentent à des planches « zoologiques ». Ce livre sera une référence dans le domaine de la chasse et la connaissance des animaux pendant des siècles. Le Livre de la chasse est traduit en anglais, dès le début du XVe siècle.

Il compose également un « Livre des oraisons », recueil de prières rédigées pour la plupart en français. On a longtemps pensé qu’il aurait écrit ce livre après avoir tué son propre fils au cours d’une altercation ( » le drame d’Orthez ») , seulement Claudine Pailhès, directrice des Archives départementales de l’Ariège, remet en question cette supposition dans son livre Gaston Fébus Le Prince et le Diable. Elle évoque plutôt le fruit d’une crise due à un « péché de chair », selon les propres mots de Gaston Fébus.

Gaston Fébus a laissé le souvenir d’un chevalier idéal, courageux au combat, avisé dans sa politique, équitable et sage dans son administration. Il a créé sa légende de son vivant, prés de 700 ans après sa mort la trace de Gaston Fébus perdure à travers ses écrits mais aussi ses forteresses. Montaner reste une forteresse hors normes dont les briques n’ont pas encore tout dévoilé…

Pour la suite de son histoire venez visiter le château!

Bibliographie:

Pailhes Claudine. Gaston Fébus, Le prince et le diable. Perrin,Paris, 2007.

Tucoo-Chala Pierre. Gaston Fébus, prince des Pyrénées (1331-1391). Atlantica,Paris, 1995.

Sitographie :

Gaston Fébus et le château de Pau au XIVème siècle.

Gaston Fébus – Prince Soleil (1331-1391), Dossier enseignants